Lors de la Gamescom 2025, nous avons eu l’opportunité de participer à un hands-on de Where Winds Meet sur le stand B2B de NetEase. Trente minutes de découverte intense qui nous ont permis d’explorer une partie de ce RPG wuxia intriguant, entre émerveillement et frustrations. Voici notre compte rendu détaillé.
Where Winds Meet, une plongée dans la Chine du Xe siècle
Where Winds Meet n’est pas un RPG comme les autres. Le titre d’Everstone Studio nous plonge dans la Chine du Xe siècle, plus précisément pendant la période des Cinq Dynasties et des Dix Royaumes. Une époque marquée par le chaos politique, mais aussi par la richesse culturelle et artistique. Ici, l’Histoire se mêle à la légende, avec une forte inspiration tirée du wuxia, ce genre narratif chinois qui met en avant les arts martiaux, l’honneur et des héros capables de prouesses défiant les lois de la gravité.
Le décor frappe immédiatement. Là où beaucoup de RPG occidentaux nous projettent dans des univers médiévaux européens, Where Winds Meet ose un cadre exotique qui résonne comme un vent de fraîcheur. L’ambiance nous a rappelé Assassin’s Creed pour la verticalité des villes, Sekiro pour sa noirceur, et Ghost of Tsushima pour ses paysages naturels sublimes. Trois influences majeures, mais le jeu conserve malgré tout une identité propre grâce à la force du wuxia.
La prise en main de Where Winds Meet
Notre session a débuté par une mission scriptée, typique des démonstrations organisées en salon. Autant être honnête : cette première partie nous a paru trop sur des rails. On suivait les instructions affichées à l’écran, on pressait les touches indiquées, et notre personnage exécutait de superbes mouvements… mais sans réelle sensation de contrôle. Heureusement, cette impression s’est rapidement dissipée dès que nous avons atteint le monde ouvert.
C’est là que Where Winds Meet a révélé son potentiel. Traverser la ville fut un vrai plaisir, avec une verticalité incroyable. On saute de toit en toit, on effectue des doubles puis triples sauts, et parfois on plane brièvement dans les airs. Cette mobilité, qui rappelle directement le cinéma wuxia, rend l’exploration grisante. On aurait pu passer toute la démo à simplement parcourir les toits, tant le système de mouvement est fluide et amusant.
Un monde vaste et vivant
NetEase et Everstone ne se cachent pas : ils annoncent environ 150 heures de contenu pour la campagne solo de Where Winds Meet. Une promesse massive, peut-être trop, mais qui illustre l’ambition du projet. Même en trente minutes, on a pu constater à quel point le monde est riche en détails.
Les PNJ ne sont pas de simples figurants. Chacun a sa routine quotidienne, réagit à nos actions et garde en mémoire nos décisions. Dans notre démo, une simple interaction avec un personnage secondaire pouvait changer le destin de toute une quête. Si l’on choisissait d’annoncer qu’un mari kidnappé était mort, sa femme finissait par être vue en deuil. Si l’on affirmait qu’il était vivant, elle partait en voyage pour tenter de le retrouver. Ce genre de détails renforce l’immersion et rend l’univers plus crédible.
Partout, la vie fourmille. Des marchands discutent, des animaux errent, des musiciens jouent. Le joueur peut tout aussi bien fouiller les habitations, récolter des minerais ou cueillir des plantes. L’exploration est encouragée et souvent récompensée par des découvertes, qu’il s’agisse d’objets utiles, de fragments de lore ou de panoramas magnifiques.
Le système de combat dans Where Winds Meet
Un RPG wuxia ne serait rien sans des combats mémorables. Sur ce point, Where Winds Meet met le paquet. Le jeu propose sept armes principales : l’épée, la double lame, la lance, l’éventail, le parapluie tranchant, et d’autres variantes. Chaque arme possède son propre style, avec ses animations, ses enchaînements et ses capacités spéciales.
Le système rappelle Monster Hunter dans sa philosophie : chaque arme est un engagement en soi, avec un poids, une portée et un rythme distinct. La lance est puissante mais lente, l’épée rapide mais moins destructrice. On peut équiper deux armes et alterner en plein combat, créant des combinaisons uniques.
Les arts martiaux ne se limitent pas à des coups physiques. On débloque également des Arts mystiques, liés au qi gong, au taï chi ou même à l’observation de la nature. Ces compétences peuvent invoquer des effets élémentaires, soigner, renforcer la défense ou étendre la zone d’impact des attaques.
Le système repose sur la maîtrise et l’entraînement. On progresse en pratiquant, en lisant des manuscrits, en s’entraînant auprès de maîtres. Le combat gagne ainsi une dimension presque académique : devenir un expert demande du temps et de la persévérance.
L’influence du wuxia et l’authenticité culturelle
Pour capturer l’essence du wuxia, Everstone a fait appel à de grands noms. Donnie Yen, figure iconique des arts martiaux et star de la saga Ip Man, a participé à la motion capture et à la chorégraphie des combats. Chaque mouvement, chaque saut, chaque parade respire l’authenticité.
Là où beaucoup de jeux se contentent de mouvements exagérés, Where Winds Meet cherche à rester fidèle aux codes du genre. On y retrouve l’élégance aérienne, les combats stylisés et l’équilibre constant entre réalisme et mythologie. Cette authenticité culturelle donne une vraie personnalité au titre et le distingue de ses concurrents.
L’exploration et la liberté de mouvement
L’une des forces indéniables de Where Winds Meet, c’est la liberté. Monter sur un toit, escalader une falaise, traverser un village en bondissant de poutre en poutre… tout cela est possible et souvent encouragé. Le joueur est rarement bloqué. Une maison perchée sur une corniche semble inaccessible ? Trois sauts, un dash aérien et une glissade planée suffisent à atteindre l’objectif.
Ce système donne un côté ludique à l’exploration. On ne se contente pas de suivre des marqueurs de quête. On expérimente, on improvise, on se surprend à explorer juste pour le plaisir. C’est une sensation proche de celle ressentie dans Breath of the Wild ou dans les meilleurs Assassin’s Creed.
La couche RPG et progression
Where Winds Meet est aussi un RPG, et cela se ressent dans sa profondeur de progression. Le créateur de personnage est l’un des plus complets que nous ayons vus récemment, surpassant même certains mastodontes comme InZoi ou Monster Hunter Wilds.
Une fois l’aventure lancée, on progresse lentement mais sûrement. Pas de surenchère de loot ou de statistiques absurdes. Les compétences se débloquent progressivement via des points de talents et l’entraînement avec de nouvelles armes. On ne devient pas un maître en un instant : passer de l’épée à la lance signifie redevenir un novice et réapprendre de zéro.
Ce système crée un sentiment d’authenticité et évite la lassitude. Chaque nouvelle arme est un nouveau challenge.
La technique et la direction artistique
Graphiquement, Where Winds Meet impressionne par son ambition. Les décors sont variés, allant des villes grouillantes de vie aux campagnes paisibles. Les saisons et la météo changent dynamiquement, renforçant l’immersion.
Mais la technique ne suit pas toujours. Durant notre preview, nous avons subi de nombreuses chutes de framerate, parfois violentes. Le jeu crachait régulièrement, donnant par moments l’impression d’un produit encore mal optimisé. Cette instabilité gâchait la fluidité des combats et renforçait un sentiment cheap.
Côté audio, la bande-son se distingue par sa discrétion et ses envolées épiques au bon moment. Le doublage intégral en chinois renforce l’immersion, mais l’absence de sous-titres en français est un vrai problème. Seuls l’anglais, le japonais, le coréen et le chinois sont disponibles. Un défaut majeur pour le marché francophone.
Les limites de Where Winds Meet
Malgré ses qualités, Where Winds Meet soulève de vraies inquiétudes. L’annonce d’une durée de vie de 150 heures peut rebuter. Tout le monde n’a pas le temps de s’investir autant, et un tel volume risque de diluer l’expérience.
Autre problème : le jeu n’offre pas de fin complète à son lancement. Les développeurs ont confirmé que le récit principal serait découpé et enrichi par des mises à jour futures. Cette logique de live-service appliquée à un RPG solo laisse perplexe.
L’héritage mobile se ressent aussi. L’interface est chargée, avec des menus multiples et parfois confus. On sent les traces d’un design pensé pour le PC et le mobile, pas encore totalement adapté aux consoles.
Enfin, la présence d’une boutique en ligne, d’un battle pass et de modes multijoueur (guild wars, raids, donjons) donne l’impression que le jeu cherche à plaire à tout le monde au risque de perdre son identité.
L’avenir de Where Winds Meet
Where Winds Meet a du potentiel, c’est indéniable. Le monde est vaste, le système de combat solide, le style wuxia dépaysant. Mais le titre doit trouver sa vraie direction. Veut-il être un RPG narratif solo ? Ou un hybride service-game multijoueur ? Pour l’instant, il navigue entre les deux et risque de décevoir une partie du public.
Conclusion
Where Winds Meet est une promesse ambitieuse. Nous avons adoré la liberté de mouvement, la richesse culturelle et le soin apporté aux combats. Mais nous avons aussi été frustrés par les chutes de performance, la lourdeur de l’interface et cette impression d’un jeu qui ne sait pas toujours ce qu’il veut être.
Au terme de notre preview à la Gamescom 2025, le bilan est mitigé. L’expérience a soufflé le chaud et le froid : d’un côté une exploration grisante, de l’autre des combats encore trop rigides. Visuellement séduisant, techniquement instable. Ambitieux dans sa narration, mais piégé par un modèle live-service bancal.
En conclusion, nous avons pu interviewer l’équipe de développement de Where Winds Meet après notre session, leur posant des questions très intéressantes sur leur vision et leurs choix de design. Leur passion est palpable, et malgré les doutes, il est clair qu’ils croient fermement au potentiel de leur jeu. Reste maintenant à voir si Everstone et NetEase parviendront à transformer cette œuvre brouillonne en chef-d’œuvre wuxia attendu par les joueurs du monde entier.