Quand un jeu promet monts et merveilles mais n’arrive jamais à pleinement les réaliser, il reste cette sensation d’avoir frôlé l’excellence, mais d’être resté sur sa faim.
C’est un peu ce que j’ai ressenti en jouant à Assassin’s Creed Shadows. Ubisoft Québec avait beaucoup à prouver avec ce nouvel épisode, en particulier en offrant un cadre aussi prestigieux que le Japon féodal. Le potentiel était immense. L’idée de plonger dans cette période historique fascinante, avec ses samouraïs, ses ninjas et ses seigneurs de guerre, promettait une expérience inoubliable. Pourtant, malgré de nombreuses qualités indéniables, ce jeu ne parvient pas à tenir toutes ses promesses et laisse un goût d’inachevé. Si l’ambiance est là, certaines mécaniques de gameplay et l’histoire peinent à convaincre sur la durée. Et c’est là que Assassin’s Creed Shadows échoue à se faire un nom parmi les grands jeux de la saga.
Gameplay en détail – Des bonnes idées, mais trop de frustrations
Le gameplay de Assassin’s Creed Shadows commence bien, mais souffre de plusieurs imperfections qui ternissent l’expérience. D’un côté, on a Yasuke, un samouraï imposant, puissant et courageux, mais qui se trouve souvent en difficulté dans les sections où la furtivité est essentielle. Son poids et sa stature l’empêchent d’être aussi agile que Naoe, l’autre protagoniste du jeu. Naoe, quant à elle, est bien plus agile et discrète, mais sa fragilité en combat la rend vulnérable face à des ennemis puissants. Cette dualité crée une frustration, car il est nécessaire de jongler entre les deux personnages en fonction des missions, ce qui, au lieu d’être fluide, peut devenir un casse-tête. Les changements de personnages ne sont pas toujours bien intégrés dans le gameplay, et cette contrainte peut ralentir l’expérience.
En parlant de combat, celui-ci reprend des éléments de Ghost of Tsushima, mais sans l’efficacité que l’on pourrait attendre. Les coups, les parades et les esquives sont là, mais il manque cette sensation de fluidité que l’on trouve dans d’autres jeux du genre. Le problème majeur réside dans les combats en groupe. La caméra a du mal à suivre les différents ennemis, ce qui fait qu’il est facile de se faire surprendre par un adversaire venant de l’arrière. De plus, les mouvements parfois maladroits ou trop lents d’Yasuke en particulier font que les affrontements deviennent rapidement frustrants, surtout dans des situations où l’on devrait pouvoir prendre l’ascendant facilement.
En revanche, les missions secondaires, bien qu’abondantes, sont trop souvent redondantes. On nous demande de répéter les mêmes actions encore et encore, sans grande variété, et cela alourdit le rythme du jeu. Elles manquent d’originalité, et même si elles peuvent offrir un peu de répit dans l’histoire principale, elles n’ajoutent pas vraiment à l’expérience globale.

Une construction de village inutile et sans impact
Dans Assassin’s Creed Shadows, Ubisoft introduit un système de construction de villages, une fonctionnalité qui rappelle la gestion de colonie d’Assassin’s Creed Valhalla, mais qui, à mes yeux, n’apporte pas grand-chose à l’expérience globale. Cette mécanique permet de bâtir et d’aménager un village dans le Japon féodal, servant de base d’opérations et de refuge pour vos alliés.
Vous commencez avec une simple parcelle de terre, que vous pouvez transformer en un village en ajoutant divers bâtiments comme des échoppes, des habitations ou des sanctuaires. Ces structures débloquent de nouvelles quêtes et améliorations, tandis que la personnalisation permet d’ajouter des éléments esthétiques comme des lanternes ou des jardins. Cependant, malgré ces options, j’ai trouvé ce système assez superficiel et peu engageant.
Au lieu d’apporter une réelle valeur ajoutée, cette gestion casse le rythme du jeu et semble déconnectée du reste de l’aventure. Plutôt que de renforcer l’immersion, elle donne l’impression d’être une distraction forcée, éloignant du cœur de Assassin’s Creed Shadows : l’infiltration et l’action. J’aurais préféré que cet aspect soit plus poussé ou, à défaut, qu’il soit optionnel sans réel impact sur la progression.

Graphismes – Une belle enveloppe, mais peu de profondeur
Visuellement, Assassin’s Creed Shadows essaie de capturer l’essence du Japon féodal avec ses paysages majestueux et ses architectures traditionnelles. Les forêts, les rizières, les montagnes et les temples shintoïstes sont représentés avec une certaine attention aux détails, et certains moments peuvent réellement émerveiller. Le jeu parvient à créer une atmosphère japonaise immersive, en particulier lors des moments où le cycle jour-nuit révèle des panoramas époustouflants. Les champs de fleurs de cerisiers, les villages paisibles et les châteaux imposants créent des paysages dignes des plus belles œuvres artistiques.
Cependant, des problèmes de textures gâchent cette beauté visuelle. Lorsqu’on s’approche trop près des objets ou des personnages, les détails deviennent flous, et l’illusion de réalisme s’effondre. De plus, certaines zones du jeu manquent de vie. Les habitants des villages sont souvent statiques, et la population semble en retrait, ce qui empêche de véritablement ressentir l’immersion dans un Japon vivant et dynamique. Il manque cette sensation de profondeur dans l’environnement, comme si tout était en toile de fond pour la seule performance de l’histoire.
Le manque de détails dans les environnements et dans les animations des personnages principaux (et secondaires) nuit également à l’immersion. Cela se ressent particulièrement lors des scènes de foule ou des moments où l’on attend une interaction plus fluide avec l’environnement. Le jeu n’a pas cette richesse de monde ouvert qu’on pourrait attendre d’un jeu d’Assassin’s Creed, ce qui le rend légèrement en-deçà de ses prétentions.

Bande-son – Une ambiance bien présente, mais sans plus
La bande-son de Assassin’s Creed Shadows cherche à capturer l’âme du Japon, et elle y parvient plutôt bien. Les morceaux composés d’instruments traditionnels japonais, comme le shamisen et les percussions, accompagnent le joueur dans ses aventures avec un certain respect pour la culture. Cela permet de créer une ambiance, certes agréable, mais sans grande intensité. La musique est bien faite, mais elle n’est jamais assez marquante pour élever l’expérience du jeu à un autre niveau.
Les doublages des personnages sont également un point faible. Certains sont assez moyens, manquant d’intensité et de sincérité, ce qui réduit la portée des scènes émotionnelles. L’influence des voix occidentales dans certains moments importants est déstabilisante et brise parfois l’immersion. De plus, la bande-son n’est pas toujours bien dosée. Par moments, elle semble trop discrète pour soutenir l’action, et parfois elle semble être présente pour masquer des silences gênants dans les moments clés de l’histoire. Il manque cette orchestration de la tension, des émotions et des révélations qui aurait pu faire briller le jeu.

Scénario – Une histoire qui manque de profondeur
Le scénario de Assassin’s Creed Shadows est l’une des déceptions majeures du jeu. L’idée de baser l’histoire sur Yasuke, le samouraï africain, et Naoe, une shinobi féminine, aurait pu être un tour de force narratif. Mais, malgré une promesse d’intrigue dense, l’histoire n’arrive jamais à décoller. Les personnages, bien que charismatiques sur le papier, ne bénéficient pas d’un véritable développement. Yasuke est présenté comme un homme sage, mais ses motivations restent floues tout au long du jeu. Naoe, quant à elle, aurait dû être le cœur de l’intrigue, mais son histoire manque de profondeur, et ses interactions avec les autres personnages semblent superficielles.
Les missions principales suivent un schéma classique : vous explorez, vous combattez et vous suivez les indices pour faire avancer l’histoire. Mais rien ne surprend vraiment. Les révélations sont prévisibles, et les personnages secondaires, bien qu’intéressants, sont souvent sous-exploités. L’aspect historique aurait pu être un levier pour offrir une expérience plus engageante, en s’appuyant sur les luttes de pouvoir réelles de l’époque, mais le jeu se contente de survoler ces événements sans jamais les exploiter pleinement. De plus, les quêtes secondaires, bien que nombreuses, ne parviennent pas à enrichir l’univers ou les personnages. Elles se résument souvent à des tâches répétitives, ce qui tue un peu l’envie de continuer à explorer.

Conclusion – Un jeu prometteur, mais trop inachevé
Assassin’s Creed Shadows aurait pu être un grand jeu, mais il échoue à offrir une expérience pleinement satisfaisante. Son gameplay, bien qu’intéressant sur le papier, est trop souvent frustrant, et son système de combat manque de finition. Les graphismes, bien que beaux à première vue, sont loin d’être parfaits et manquent de détails qui auraient pu faire toute la différence. La bande-son, si elle arrive à poser une bonne ambiance, ne parvient pas à s’imposer comme un élément mémorable. Quant au scénario, il manque cruellement de profondeur, ce qui empêche le jeu de vraiment captiver.
Au final, Assassin’s Creed Shadows est un jeu qui ne réussit pas à pleinement exploiter son potentiel. Il reste une expérience assez plaisante pour les fans de la saga, mais qui souffre de nombreuses lacunes. Si vous cherchez un jeu qui repousse les frontières de la saga, vous devrez attendre encore un peu.
Se faire de l'ombre à soi-même