Kingdom Come Deliverance 2 – Avis

Depuis la conclusion des aventures de Henry en 2018, l’attente était de mise pour Kingdom Come: Deliverance 2 ! Le jeu phare de Warhorse Studios, qui a su marquer l’univers vidéoludique, est bel et bien de retour pour nous conter la suite des aventures de notre héros dans un monde médiéval aussi réaliste que captivant. Si le premier opus était généreux dans son approche, à mi-chemin entre simulation médiévale et aventure en monde ouvert, il n’en restait pas moins exigeant et pas forcément accessible au premier gueux posant ses paluches sur une manette ou un combo clavier/souris.

Nous voici donc en ce début février pour voir si cette suite a su tirer des leçons de ses erreurs et améliorer l’expérience de jeu. La success story de Warhorse Studios continue-t-elle sur sa lancée ? Ce jeu, initialement financé par une campagne participative, a-t-il su se hisser au rang des AAA et prétendre au titre de jeu de l’année ? Ou bien a-t-il été altéré par les controverses, notamment celles l’accusant à tort d’être un jeu “raciste” ?

Préparez votre cheval, embarquez vos potions et revêtez votre plus belle armure : on part à l’aventure avec mon test de Kingdom Come: Deliverance 2 !

Henry et Hans – Back In The Game !

Le déroulement de Kingdom Come Deliverance 2 se situe peu après les événements du premier opus. Dans un objectif de paix pour le royaume de Bohême, Henry et Hans Capon ont pour mission de remettre une lettre au seigneur Othon de Berg. Le tout, afin de trouver une solution à la guerre fratricide entre le roi autoproclamé Sigismond et son frère, le roi légitime Venceslas, emprisonné par ce dernier.

Au cours de cette épopée, les joueurs auront l’opportunité de retracer les événements du premier opus de 2018. Ce choix judicieux permettra non seulement de raviver la mémoire des joueurs de la première heure, mais aussi d’attirer les nouveaux venus, curieux de plonger dans l’histoire complexe et riche de l’univers de Kingdom Come.

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec l’histoire, on incarne un fils de forgeron. Et celui-ci se révèlera être le fils illégitime du seigneur Radzig Kobyla, partisan du Roi Venceslas. L’univers du jeu se déroule dans un cadre médiéval qui s’efforce de retranscrire fidèlement une partie de l’histoire de la Bohême au début du XVe siècle. Celle-ci comprenant la Tchéquie, l’Autriche, la Hongrie, la Moravie, et les différentes civilisations qui la composent.

Lors de cette mission, les joueurs constateront que rien ne se passera comme prévu… Henry et Hans se retrouveront littéralement « dans la merde ». Dépossédés de leurs biens, sans argent ni lettre, ils devront faire face à de nombreux obstacles pour s’en sortir et mener à bien leur mission. C’est alors que l’aventure commence véritablement, marquant le début de Kingdom Come Deliverance 2.

C’est la première fois que vous jouez à Kingdom Come Deliverance 2 ? Aucun problème !

Comme indiqué dans le titre, si c’est votre première fois en Bohème et dans l’univers de KCD2, n’ayez crainte !

Tout a été mis en œuvre pour vous immerger dans l’histoire ! Et aussi pour vous familiariser avec son gameplay de « simulation médiévale« . Car si certains éléments étaient compliqués dans le premier opus, les choses ont été nettement simplifiées pour que tous les types de joueurs puissent s’y retrouver.

Les 30 premières minutes du jeu vous permettront indéniablement de prendre en main les différentes facettes du gameplay. Que ce soit le système de combat, l’inventaire, l’évolution de votre personnage et son arbre de compétences, ou même les statistiques secondaires qui sont très utiles lors de vos échanges avec les autres personnages de l’univers du jeu. Ces éléments peuvent vous aider à atteindre vos objectifs, débloquer des dialogues supplémentaires, voire cachés…

Car oui ! Kingdom Come: Deliverance 2 est un jeu moins exigeant que son grand frère. Mais il reste tout aussi intéressant à explorer de manière rusée. Si un objectif vous est proposé et que vous êtes fonceur, aucun souci ! Mais vous risquez de passer à côté d’éléments secondaires qui, bien qu’apparemment mineurs, peuvent s’avérer essentiels pour mener à bien l’aventure de Henry.

Ayant exploré tous les recoins de Rattay, Talmberg, et Uzice, vous pourriez être un peu déstabilisé par ce système de combat « simplifié ». Par exemple, les coups venant du bas ont été supprimés et remplacés par l’estoc. Le système de parades et de contres est toujours présent ! Et il sera toujours possible de perfectionner votre art du combat en pratiquant et en apprenant de nouvelles techniques auprès des PNJ, ou en améliorant vos statistiques.

Pour le reste, les anciens joueurs ne seront absolument pas perdus.

En terrain connu… Mais tout de même avec une double superficie !

Si la carte de Kingdom Come: Deliverance vous paraissait grande, ce n’est rien comparé à celle de Kingdom Come Deliverance 2 ! Puisqu’elle se veut encore plus vaste ! Bon, techniquement, il y a deux cartes, et une fois que vous passez d’une contrée à une autre, il est impossible de revenir en arrière, à moins d’avoir terminé le scénario et de revenir par la suite.

C’est un peu dommage, car c’est ce que les développeurs nous avaient promis. Même si je peux comprendre que, d’un certain point de vue scénaristique, il ne serait pas logique de revenir en arrière, cela casse un peu cette liberté et cette immersion que nous offrait le premier opus. Néanmoins, les étendues restent gigantesques, avec autant de points d’intérêt, de camps et de choses intéressantes à voir ou à découvrir.

Les quêtes inattendues, les PNJ qui vous entraînent dans des aventures insoupçonnées et une multitude de trésors cachés n’attendent que vous ! Grottes, mines, sites abandonnés, villages incendiés et autres « trous à rats » pourraient vous réserver bien des surprises. Je ne saurais que trop vous conseiller de sortir des sentiers battus pour aller à la rencontre des villages voisins… Surtout si vous êtes en quête de Groschen et d’expérience.

Le jeu est beau, mieux optimisé que le 1er à sa sortie ! Mais…

Kingdom Come: Deliverance II n’est pas exempt de défauts ! Absence de shaders (ombres), soucis de caméra lors des scènes de dialogue, cheval volant (apparu une fois), popping lors du chargement d’une sauvegarde, cadavres qui tombent et rebondissent… On parle aussi de problèmes de physique avec les escaliers, en les descendant (on peut se blesser), ou lors des combats (les combats dans les escaliers manquent de réalisme), sans compter la version française catastrophique. Malheureusement, ces problèmes viennent entacher la belle qualité globale du jeu. Bien que certains aient été partiellement résolus, il faudra attendre le mois de mars pour que tous les dialogues aient été revus, traités et réadaptés pour correspondre véritablement aux attentes des joueurs et aux exigences de Warhorse Studios.

Une mauvaise gestion de la localisation a malheureusement eu raison de nous… Si vous ne voulez pas perdre l’immersion, je vous conseille de jouer en version originale sous-titrée en français. À moins que vous soyez habitués à la version française et que vous soyez prêts à entendre des comédiens complètement à côté de la plaque, pas du tout en phase avec leurs personnages ni avec la situation. Parfois, on se demande même si certaines lignes n’ont pas été doublées par une IA. C’est dire !

Donc vous voilà prévenu des différents bugs que j’ai pu rencontrer. Cela étant, le patch Day One a très certainement corrigé ces problèmes.

Kingdom Come Deliverance 2 accusé d’être  » woke « . Parlons-en.

Si, de prime abord, nous ne parlons pas de « politique » ou de « polémique » dans notre édito, il est difficile de ne pas mentionner cette partie qui englobe l’actualité enflammée de Kingdom Come: Deliverance 2. En effet, depuis les premières previews disponibles sur internet, les réactions des joueurs et de l’équipe de Warhorse Studios ont fusé sur la toile. En tant que critique de jeu vidéo, je pense qu’il est essentiel de nuancer et de remettre cela dans son contexte. Non, Kingdom Come: Deliverance 2 n’est pas woke en soi.

Cependant, certains choix faits par Warhorse Studios manquent de subtilité. L’inclusion, aussi légitime et importante soit-elle, doit s’intégrer naturellement dans un univers, et ce n’est pas toujours le cas ici. Ce sentiment de maladresse, couplé à une mauvaise communication de la part des développeurs, explique pourquoi KCD2 se retrouve sous le feu des critiques.

Le traitement de Henry

Dans Kingdom Come: Deliverance, Henry est clairement hétérosexuel. Son histoire, sa personnalité, ses relations… tout était cohérent dans le premier opus. Dans cette suite, il peut désormais avoir une romance homosexuelle via des dialogues et des quêtes secondaires. Le problème, ce n’est pas qu’un personnage principal puisse être homosexuel dans un jeu vidéo. C’est que Henry avait déjà une identité bien définie. Ce n’est pas un avatar que l’on façonne, mais un personnage avec une histoire et une personnalité précises. Lui attribuer une autre orientation sexuelle du jour au lendemain casse cette cohérence, et personnellement, cela me sort du jeu. Et l’immersion, c’était justement l’un des gros points forts du premier opus.

L’ajout d’un personnage noir dans KCD2

Autre sujet qui fait débat : l’introduction de Musa, un personnage malien. Historiquement, voir des personnes d’origine africaine en Europe médiévale n’est pas absurde. Il y avait des échanges commerciaux, des voyageurs, etc. Mais cela restait rare. Warhorse Studios aurait pu en faire un véritable élément de narration, en montrant les difficultés d’intégration d’un personnage noir dans une société médiévale européenne. Sauf qu’ici, on a l’impression que Musa est là plus pour répondre aux attentes modernes que pour enrichir le récit. Et c’est là que ça coince : l’inclusion, quand elle est bien intégrée, renforce une histoire. Quand elle paraît forcée, elle sonne creux.

Et pour ne rien arranger, Warhorse Studios a complètement raté sa communication. Daniel Vávra a tenté de justifier ces choix, mais certaines de ses déclarations ont jeté de l’huile sur le feu. Traiter les critiques de « grifters » (escrocs), par exemple, n’était vraiment pas une bonne idée.

Ce genre de polémique revient souvent dans l’industrie du jeu vidéo. Beaucoup de joueurs ont le sentiment que l’on privilégie les cases à cocher au détriment de la cohérence et de l’immersion. Ce n’est pas une question d’être contre l’inclusion, mais plutôt de la manière dont elle est intégrée. Kingdom Come: Deliverance 2 n’est pas un jeu « woke », mais certains choix et leur gestion donnent cette impression. Warhorse aurait tout à gagner à mieux réfléchir à ces aspects, car une inclusion bien réalisée est toujours un plus. Encore faut-il qu’elle ait du sens.

L’ambiance du jeu est parfaite !

Que ce soit les musiques, les bruitages, les paysages, les infrastructures, la ville de Kuttenberg, ou les villages de paysans et de mineurs, tout est parfaitement mis en avant pour nous inviter à plonger dans un univers vaste, riche en histoire et en faits réels ! Rien n’est laissé au hasard ! Et c’est cela qui rend le jeu généreux et intéressant !

Plus encore que le premier volet de la saga, celui-ci a réellement mûri. Tout comme Henry, qui semble plus en phase avec son nouveau statut de « bâtard » et de conseiller. Les scènes cinématiques rappellent vraiment un film Le Seigneur des Anneaux, et les batailles offrent une sensation digne de Game of Thrones, suscitant parfois de véritables frissons.

Le scénario de Kingdom Come Deliverance 2 est une pure Masterclass !

Si l’on pouvait dire que le début des aventures était riche en émotions, que dire de ce KCD2 ! La mise en scène et le scénario sont tout bonnement un petit bonbon. L’histoire s’ancre davantage dans le monde géopolitique de Bohème ! Car si la fortune appartient aux audacieux (Audentes Fortuna Iuvat), on peut aussi dire que la guerre est une sale affaire ! Et si les décisions prises par un camp ou un autre ne sont ni toutes noires ni toutes blanches, le jeu nous rappelle à quel point ce sont les petites gens qui souffrent de ces disputes de « seigneurs ».

Et cela ne s’arrête pas uniquement aux quêtes principales, mais aussi aux secondaires ! Les lignes de dialogue, totalisant plus de 2,2 millions de mots, ne sont pas là pour faire joli ! Il y a vraiment de la profondeur dans cet univers. Et quand un jeu est généreux et arrive à ne pas vous endormir avec les différents choix qui s’offrent à vous… Franchement, chapeau !

Tout comme le premier opus, Henry pourra charmer différentes personnes de la gent féminine ! Pas de spoilers dans ce test ! Ce sera à vous de jouer finement ou de rester complètement désintéressé des diverses flirts ou relations que vous pourriez avoir dans le jeu. Mais les aventuriers de KCD1 seront ravis d’apprendre qu’Henry a toujours autant de succès auprès des femmes !

Pour finir le scénario, comptez environ 80 heures de jeu pour en venir à bout sans trop vous soucier des quêtes secondaires !

Avant de se quitter, parlons des mini-jeux et des petits à côté !

Que ce soit les dés, les tournois de joutes à l’épée, les courses de chevaux, les tirs à l’arc, etc… Tout est de retour comme vous pouviez l’expérimenter en 2018.

Votre cheval et votre cabot seront toujours vos meilleurs compagnons. Tantôt l’un pouvant vous servir de mule de stockage, tantôt l’autre, votre assistant en combat, pour pister ou encore chasser !

Comme dans le premier opus, toutes mauvaises actions encourent des punitions. Voler dans le jeu est quelque chose de vraiment très grave. Ce sera à vous de jouer à 100% honnête ! Ou alors d’être un petit filou et espérer ne pas vous faire prendre.

Le crochetage et le détroussage restent fidèles au premier opus, mais avec des explications plus évidentes ! Car de nombreux joueurs pestaient de ne pas pouvoir crocheter une serrure correctement. Mais une fois qu’on a compris le principe, c’est relativement « simple ».

Pour tout ce qui concerne les petits métiers, comme la forge, l’alchimie, la chasse, etc., ce sera selon vos préférences, bien évidemment ! Rien n’est obligatoire dans le jeu, mais certains métiers pourront vous être très utiles (à bon entendeur). Même l’érudition pourra vous permettre de mieux comprendre certains enjeux ou déjouer des plans !

En termes de nouveautés, on retrouvera une nouvelle arme à distance ! Eh oui ! Il est désormais possible d’avoir une arme à feu dans Kingdom Come: Deliverance 2. Le canon à main est dévastateur et peut littéralement tuer n’importe quel ennemi d’un seul coup ! Seul souci, c’est son temps de chargement extrêmement long… Alors attention à vous ! Je trouve que cette nouvelle arme mérite sa place, puisque les armes à feu et autres canons auront une certaine importance tout au long du récit.

Conclusion: Est-ce que Kingdom Come Deliverance 2 est un candidat au GOTY 2025 ?

Si on ne comptait pas tous les petits soucis techniques, les dialogues à retravailler ou encore les polémiques, quelque part justifiées, je pense que le jeu aurait clairement pu être le GOTY 2025 pour moi ! Maintenant, je ne serais pas surpris de le voir nominé. Car soyons honnêtes… Le jeu est une très belle proposition, avec une expérience où les bugs ne bloquent pas non plus la progression. Il est généreux, plus immersif et mature dans sa narration, et plus accessible au plus grand nombre. Fidèle à lui-même, Warhorse Studios nous a délivré un très beau travail.