Il y a des jeux que tu termines et que tu ranges sur l’étagère. Et puis il y a ceux dont tu continues de penser aux personnages, aux scènes, aux musiques… même plusieurs jours après. Pour moi, Mafia: The Old Country, c’est exactement ça.
J’ai connu la série Mafia depuis ses débuts. J’ai adoré le premier pour son côté old school, j’ai pris une claque avec le deuxième pour son ambiance, et j’ai eu un rapport plus mitigé avec le troisième à cause de son côté open world répétitif. Mais là… Mafia: The Old Country m’a fait comprendre qu’on pouvait revenir à quelque chose de plus linéaire tout en élevant la barre.
Dès l’écran titre, l’ambiance est posée. On sent que ce n’est pas juste un jeu de gangsters, mais une fresque dramatique sur fond de Sicile du début du XXe siècle. Et en tant que joueur, tu sais déjà que ça ne finira pas bien, mais tu veux quand même te laisser emporter.
Gameplay – La tension dans chaque échange de balles
Mafia: The Old Country change radicalement la façon dont on vit les affrontements. Ici, on n’a pas juste du tir générique : chaque fusillade est pensée comme une scène à part entière. Les ennemis ne sont pas là pour se faire descendre, ils bougent, te forcent à sortir de ta zone de confort.
Par exemple, dans une mission au cœur de San Celeste, tu commences en infiltration. Tu observes, tu avances doucement… et soudain, un garde te repère. En un instant, l’atmosphère change : les couvertures volent, les tirs fusent, et il faut bouger pour ne pas se faire encercler. Ce passage illustre parfaitement la façon dont le jeu sait alterner calme tendu et chaos total.
Les armes ont aussi gagné en impact. Tirer avec un revolver donne cette sensation de recul lourd et sec. Le fusil à pompe ? Une vraie machine à tout renverser dans un rayon de deux mètres. Les fusillades sont encore plus jouissives si tu joues en difficulté Difficile : l’IA devient plus agressive, tire plus vite, et n’hésite pas à te contourner. On n’est plus dans le confort, mais dans la survie.

Duels au couteau
La grande nouveauté, ce sont les duels au couteau. On peut parer, esquiver, donner des coups rapides ou des attaques puissantes. Ce n’est pas encore parfait, parfois les coups ne connectent pas bien après une parade, mais ça apporte un côté personnel et viscéral à certains combats de boss. Imagine : tu finis une discussion tendue, et sans prévenir, la scène bascule en duel à l’arme blanche, avec un rythme qui te cloue sur ta chaise.
En dehors des combats, il y a un côté plus posé. Les phases d’exploration existent, mais elles sont encadrées par la narration. On peut choisir de conduire soi-même entre deux points ou de sauter directement à la scène suivante. Perso, j’ai souvent choisi de conduire, car certains dialogues entre Enzo, Luca et Cesare se déclenchent uniquement sur la route.
Petit bémol : le modèle de conduite est toujours un peu raide. Dans une course-poursuite, on sent que la maniabilité manque de fluidité. Heureusement, ces séquences sont rares et bien mises en scène pour compenser.

Graphismes – La Sicile comme vous ne l’avez jamais vue
Dès les premières minutes dans Valle Dorata, j’ai été happé par la direction artistique de Mafia: The Old Country. Le soleil qui se couche sur les collines, les vieilles pierres usées par le temps, les champs d’oliviers qui s’étendent à perte de vue… On est littéralement projeté dans une carte postale vivante.
L’Unreal Engine 5 joue un rôle énorme dans cette immersion. La lumière naturelle est travaillée avec un soin maniaque. Les ombres s’allongent doucement à mesure que la journée avance, les intérieurs sont baignés d’une chaleur visuelle qui te donne presque envie de t’asseoir dans une cuisine sicilienne pour boire un café.
Les villes et villages sont tout aussi impressionnants. San Celeste, par exemple, n’est pas juste un décor : c’est un lieu qui vit. On y croise des habitants, des marchands, des enfants qui courent dans les ruelles. Ce ne sont pas des PNJ figés, ils bougent, parlent, interagissent, ce qui renforce l’illusion d’un monde crédible.
Mais il faut aussi parler des petits défauts techniques. Dans certaines cinématiques, j’ai remarqué un effet de ghosting sur les personnages, comme une légère traînée derrière eux. Et parfois, les visages affichent des ombres étranges, surtout sous un certain éclairage. Rien de dramatique, mais ça ressort quand on a l’œil.

Bande son – La musique comme un second narrateur
Pour moi, la bande son de Mafia: The Old Country est l’un des points qui transforment un bon jeu en expérience mémorable. Chaque morceau semble taillé sur mesure pour la scène qu’il accompagne. Les moments de tendresse sont portés par des mélodies douces au piano ou à la mandoline. Les affrontements, eux, s’emballent avec des percussions nerveuses et des cuivres puissants.
J’ai adoré activer le doublage en sicilien. Même si les lèvres des personnages ne bougent pas toujours parfaitement, cette option donne un poids incroyable aux dialogues. Les voix ont de la texture, de l’émotion brute. On entend l’amour, la colère, la peur dans chaque intonation.
Les effets sonores sont tout aussi réussis. Le claquement sec d’un revolver, le son lourd d’un fusil à pompe, le crissement des pneus sur les pavés… tout est calibré pour renforcer l’immersion. Et dans les phases calmes, on entend le vent souffler à travers les oliviers, ou le clapotis de l’eau dans un port.

Scénario – Une tragédie mafieuse digne des plus grands films
Là où Mafia: The Old Country m’a touché, c’est dans son écriture. On incarne Enzo Favara, un jeune mineur qui rêve de liberté et d’un avenir meilleur. Mais son destin bascule quand il se retrouve contraint de rejoindre la famille Torisi.
Le jeu ne se contente pas de raconter une ascension criminelle. Il montre aussi les liens humains derrière les fusils et les ordres. La romance avec Isabella est un fil rouge qui illumine le récit. Elle est traitée avec pudeur et intensité, rappelant certaines histoires d’amour tragiques du cinéma italien.
Mais comme dans toute bonne tragédie, le bonheur est fragile. On sait, au fond, que la fin ne pourra pas être heureuse, et pourtant on espère.
Les relations avec Luca et Cesare sont centrales. Luca est la voix de la raison, l’ami fidèle qui tente de maintenir Enzo sur le droit chemin. Cesare, au contraire, est impulsif, toujours prêt à foncer sans réfléchir. Ce duo crée un tiraillement constant chez le héros, et chez nous, joueurs.
Le récit alterne moments intimes et scènes spectaculaires. Il y a des références assumées à Le Parrain, comme ce chapitre qui reproduit l’atmosphère du baptême de Michael Corleone. Et puis des séquences qui rappellent Uncharted, avec des courses-poursuites sur les toits ou des fusillades en pleine église.
La fin divisera sûrement la communauté. Certains la trouveront injuste, d’autres magistrale. Moi, elle m’a laissé cette impression douce-amère propre aux grandes histoires : celle d’avoir vécu quelque chose de complet, même si ça fait mal.

Conclusion – Un voyage à ne pas manquer
En refermant Mafia: The Old Country, j’ai eu cette sensation rare qu’un jeu m’avait vraiment raconté quelque chose d’important. Pas juste une succession de missions, mais une histoire où chaque chapitre comptait.
Oui, il y a des petits défauts techniques. Oui, la conduite pourrait être modernisée. Mais face à la richesse du scénario, à l’intensité des fusillades, à la beauté des environnements et à la puissance émotionnelle de la bande son, ces défauts paraissent dérisoires.
Je ne le dis pas souvent, mais je pense que c’est le meilleur Mafia à ce jour. Et sûrement l’un des meilleurs jeux narratifs que j’ai faits ces dernières années.
Un conseil ? Prépare-toi comme pour un bon film : lumière tamisée, casque audio, et laisse la Sicile t’emporter.
Résumé
Les +
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Narration
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Personnages
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Immersion
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Fusillades
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Bande-son
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Décors
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Références cinématographiques
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Rythme
Les –
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Conduite
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Bugs visuels
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Duels couteau rigides
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Monde peu interactif