Quand on a été invités à tester Splitgate 2 lors de la Gamescom 2024, on ne s’attendait pas à être aussi surpris. À la fois par la nervosité de son gameplay, le plaisir immédiat procuré par les portails, mais aussi par la promesse d’un jeu plus ambitieux, plus riche. On en est ressortis enthousiastes, le sourire aux lèvres. On s’est dit : ‘ok, ils tiennent peut-être quelque chose’. Quelques mois plus tard, le jeu est enfin sorti. Et s’il a gardé une bonne partie de son fun, force est de constater qu’il est aussi venu avec son lot de déceptions. Splitgate 2 est loin d’être mauvais, mais il n’est pas vraiment à la hauteur de l’héritage qu’il porte.

Un gameplay toujours grisant, mais trop encadré

Commençons par ce qui fait battre le cœur de Splitgate 2 : son gameplay. Ici, pas de doute, on est face à un FPS qui mise sur la rapidité, la verticalité et la surprise. Dès les premiers instants, tu retrouves cette sensation de liberté grisante : glissades nerveuses, double-sauts assistés par jetpack, et surtout, les portails. Cette mécanique emblématique, déjà au centre du premier jeu, est toujours aussi plaisante. Ouvrir une faille spatiale à un bout de la carte pour sniper un joueur à l’autre bout sans qu’il comprenne ce qu’il lui arrive, c’est toujours jouissif. Splitgate 2 réussit à maintenir cette dynamique fluide et rafraîchissante qui le distingue d’un FPS plus classique.

Mais là où le bât blesse, c’est dans la manière dont le jeu encadre cette liberté. Les cartes sont bien moins optimisées pour exploiter les portails. Trop souvent, tu tombes sur des zones avec des murs portables mal placés, sans visibilité stratégique. Alors que dans le premier Splitgate, les maps semblaient pensées pour maximiser les angles et les déplacements inattendus, ici, tout paraît plus restreint. Tu sens qu’on veut te canaliser.

Autre changement : l’introduction de factions, qui ajoutent une dimension tactique au jeu. Chacune a ses bonus passifs et une capacité ultime unique. Dit comme ça, ça sonne bien. Mais dans les faits, ça crée un déséquilibre. Là où le premier opus misait tout sur l’égalité des chances, Splitgate 2 commence à flirter avec une logique de “build” et de synergies d’équipe. Et ça, ce n’est pas forcément ce que les fans de la première heure attendaient.

Côté arsenal, même constat mitigé. Les armes sont précises, les sensations sont bonnes, mais le choix reste très convenu. Trop peu de nouveautés marquantes. On garde un faible pour le Splitstream, ces pistolets qui fusionnent quand tu vises. Mais dans l’ensemble, ça manque d’audace.

Graphismes – Une upgrade technique, mais sans identité visuelle forte

Visuellement, Splitgate 2 se place un cran au-dessus de son prédécesseur. Les textures sont plus fines, les effets lumineux plus propres, les modèles de personnages plus détaillés. Tout ça donne un rendu moderne et cohérent, clairement à la hauteur des standards actuels. Les environnements, même s’ils manquent parfois de charme, sont agréables à parcourir, et l’interface est fluide et bien pensée.

Mais là encore, on sent une prudence artistique. Le jeu est propre, mais un peu trop sage. Aucun niveau ne te laisse vraiment bouche bée. Les cartes, bien que colorées et claires, ne te marquent pas visuellement. Certaines se ressemblent un peu trop, et l’absence de diversité thématique se fait sentir. On aurait aimé plus de folie, plus de variété visuelle, plus de prises de risque dans les décors. À l’heure où des jeux indés réussissent à se forger une identité graphique forte avec peu de moyens, Splitgate 2 aurait pu oser davantage.

Bande-son – Du service minimum, mais efficace

Du côté de la bande-son, le constat est assez similaire : le jeu fait le minimum syndical. La musique d’ambiance est discrète, parfois même trop. Elle accompagne les parties sans jamais les sublimer. On n’en retient aucun thème marquant, aucune mélodie qu’on aurait envie de fredonner après avoir quitté le jeu.

Les effets sonores, en revanche, sont bien plus réussis. Les armes ont un bon “punch”, les portails font entendre un son distinctif bien reconnaissable, et les bruits de pas ou de glissade donnent un bon feedback. C’est propre, calibré, sans fausse note. Mais encore une fois, Splitgate 2 reste sur la réserve. On aurait aimé un habillage sonore plus ambitieux, qui accentue les moments épiques ou les retournements de situation.

Battle Royale – Une idée bancale, vite oubliée

On attendait beaucoup du mode battle royale de Splitgate 2. Après tout, avec un système de portails aussi original, il y avait un vrai coup à jouer. Mais au final, cette nouveauté est surtout là pour cocher une case marketing. Le résultat ? Un mode qui semble inachevé, qui manque de personnalité, et qui n’apporte pas grand-chose à l’expérience globale.

La map, censée être composée de quatre zones interconnectées, ressemble surtout à un patchwork de morceaux recyclés. Les environnements sont plats, peu inspirés, et les éléments de loot ou de couverture manquent de variété. Ajoute à ça une optimisation en dents de scie (avec des chutes de framerate bien visibles), et tu comprends vite pourquoi ce mode ne convainc pas.

En jeu, le système de respawn permet un peu plus de souplesse, et certains événements aléatoires ajoutent du piment. Mais au fond, on s’ennuie vite. Ce battle royale n’a ni le rythme nerveux d’un Apex Legends, ni la tension stratégique d’un PUBG. Il ne capitalise pas non plus sur ce qui fait la force de Splitgate 2 : les portails sont ici sous-exploités, et les affrontements restent très classiques.

Bref, un mode qui aurait pu être un gros plus, mais qui se contente d’être un petit bonus vite oublié.

Pas de scénario, mais ce n’est pas le sujet

Soyons clairs : Splitgate 2 ne cherche pas à raconter une histoire. Ce n’est pas un FPS narratif, et il ne prétend pas l’être. Pas de mode solo, pas de cutscenes, pas de lore poussé en jeu. L’univers est là pour servir le gameplay, point.

Cela dit, un peu plus de contexte sur les factions ou sur l’univers global aurait été bienvenu. Même dans un jeu purement multijoueur, on peut avoir une direction artistique et un lore discret mais immersif (comme le fait très bien Valorant, par exemple). Ici, on sent qu’on a préféré se concentrer sur la technique.

Économie – Free-to-play, mais pas trop intrusif

Le modèle économique de Splitgate 2 repose sur une formule bien connue : free-to-play + microtransactions. La bonne nouvelle, c’est que tous les modes de jeu, cartes et éléments liés au gameplay sont disponibles gratuitement. Pas de pay-to-win à l’horizon, et c’est un vrai soulagement.

Par contre, côté cosmétiques, ça pousse un peu à l’achat. Les skins sont nombreux, parfois très stylés, et certains effets ou animations sont clairement pensés pour faire briller les joueurs payants. Rien de toxique, mais on sent que 1047 Games mise beaucoup sur le visuel pour faire rentrer de l’argent.

Le passe de combat est présent, évidemment. Il débloque des récompenses à chaque niveau, avec une version gratuite assez limitée. On a déjà vu bien pire, mais on aurait apprécié un peu plus de générosité sur la partie gratuite. Au moins, tout reste optionnel, et rien n’empêche de s’amuser sans dépenser un centime.

Conclusion – Un bon jeu… mais une vraie suite aurait osé plus

Au final, Splitgate 2 est un bon FPS gratuit. Il est fluide, fun, accessible, et suffisamment original pour qu’on y passe quelques belles heures entre potes. Mais en tant que suite, il peine à justifier son existence. Là où le premier jeu misait sur la simplicité, l’efficacité et la pure créativité des portails, cette suite ajoute des couches qui n’apportent pas forcément de valeur.

Les nouvelles cartes brident la liberté, les factions déséquilibrent l’ensemble, et les nouveautés (notamment le battle royale) manquent cruellement de finition. Dommage, car avec une base aussi solide, Splitgate 2 aurait pu marquer un grand coup. À la place, il laisse un arrière-goût de potentiel gâché.

Un FPS nerveux et plaisant, mais qui aurait dû mieux écouter les fans du premier opus.

7/10

Résumé

Les + :

  • Gameplay nerveux

  • Portails toujours fun

  • Sensations de tir

  • Factions originales

  • Free-to-play

  • Matchmaking rapide

  • Effets sonores propres

  • Interface claire

  • Customisation visuelle

  • Mode compétitif solide


Les – :

  • Maps trop fermées

  • Portails sous-exploités

  • Peu de nouveautés d’armes

  • Direction artistique fade

  • Battle royale oubliable

  • Musiques anecdotiques

  • Équilibrage des factions

  • Microtransactions trop présentes

  • Manque d’identité visuelle

  • Aucun scénario