Il y a des jeux qui marquent par leur gameplay. D’autres par leur direction artistique. Et puis il y a ceux qui touchent à tout, sans jamais rien sacrifier. Clair Obscur: Expedition 33 est de cette trempe. Dès les premières minutes, j’ai su que j’allais pas juste jouer à un RPG, mais vivre une expérience profonde, viscérale. Une peinture en mouvement, aussi belle qu’impitoyable.

Gameplay – Exigeant, stratégique, nerveux… et terriblement satisfaisant

Dès que tu lances Clair Obscur: Expedition 33, tu sens que t’es pas dans un RPG classique. Le système de combat te saute à la gorge : au tour par tour, oui, mais dynamique, précis, presque technique. Ici, impossible de poser la manette et de simplement cliquer sur “attaque” en attendant que ça passe. Il faut lire l’adversaire, anticiper ses mouvements, bloquer au bon moment, et surtout, attaquer avec justesse. En effet, on est loin du bashing automatique. Ainsi, chaque coup que tu portes compte, et chaque erreur peut te coûter très cher.

Ce qui rend ce gameplay unique, c’est son intégration du skill dans un cadre pourtant au tour par tour. Donc, oui, il faut réfléchir, planifier, construire ses stratégies. Mais il faut aussi être présent, vif, réactif. Effectivement, on pourrait presque dire que le jeu flirte avec le genre de l’action-RPG, sans jamais renier son ADN de jeu tactique. C’est un pari osé, mais aussi parfaitement exécuté. Tu dois rester concentré, car le timing est roi : réussir un “perfect dodge” ou une parade bien placée, ça peut retourner un combat.

Autre point fort : la synergie entre les personnages. Chaque membre de ton équipe a ses capacités uniques, et Clair Obscur: Expedition 33 te pousse constamment à combiner leurs talents pour maximiser les effets. Par exemple, Lune peut poser des tâches explosives, que Gustave enflammera ensuite. C’est un ballet de compétences qui donne une vraie satisfaction quand tu arrives à tout enchaîner comme prévu. On sent que le studio a réfléchi à chaque interaction.

Un engagement constant

Mais attention, tout ça demande de l’engagement. Les combats peuvent parfois être longs, voire éprouvants, surtout contre les boss qui ne pardonnent rien. On pense inévitablement aux jeux FromSoftware, pas pour leur difficulté brute, mais pour leur logique d’apprentissage : tu perds, tu observes, tu recommences, et tu finis par vaincre. Ce cycle, quand il est bien maîtrisé, donne ainsi un sentiment de progression authentique, mérité.

Enfin, mention spéciale aux effets visuels pendant les affrontements. Les animations sont lisibles, élégantes, et renforcent encore l’impact de chaque action. On ne joue pas juste, on assiste à un spectacle. Et ça, c’est rare dans un jeu de rôle.

Graphismes – Une fresque mouvante d’une beauté rare

On ne va pas tourner autour du pot : Clair Obscur: Expedition 33 est tout simplement l’un des plus beaux jeux qu’il m’ait été donné de voir. Dès les premières secondes, on comprend que l’univers visuel a été conçu comme une œuvre d’art vivante. Chaque décor semble peint à la main, comme sorti d’un rêve impressionniste. On est face à un monde où chaque détail, chaque lumière, chaque texture est là pour raconter quelque chose.

La direction artistique se distingue par sa capacité à mélanger des ambiances contrastées. Tu peux passer d’un quartier de ville délabré, baigné dans une lumière dorée mélancolique, à une montagne éclatée, noyée sous des vents violents et une lumière crépusculaire. Il y a un sens de la composition picturale qui rappelle parfois les toiles d’Odilon Redon ou de Turner. Ce n’est pas juste beau : c’est cohérent, harmonieux, et surtout marquant.

Les personnages ne sont pas en reste. Le character design est sublime, à la fois élégant et expressif. Les vêtements ont du volume, les textures sont détaillées, et chaque personnage se détache clairement du décor grâce à une gestion parfaite des contrastes. Les animations pendant les cinématiques comme durant les combats renforcent encore cette impression de monde vivant, pensé dans les moindres détails.

Le seul petit bémol visuel, ce serait peut-être quelques rares effets de clipping dans les transitions. Mais honnêtement, ces défauts sont anecdotiques face à la richesse artistique globale du jeu. Le monde de Clair Obscur: Expedition 33 est une toile mouvante, et t’y plonger est un bonheur constant.

Un hommage vibrant à la France, à travers le prisme de la Belle Époque

L’un des aspects les plus touchants de Clair Obscur: Expedition 33 réside dans la manière dont le jeu rend hommage à la France, mais pas de la manière habituelle. Ce n’est pas un simple décor, c’est une véritable ode à la Belle Époque. Le jeu plonge le joueur dans une époque où le raffinement, l’élégance et l’art de vivre français sont à l’honneur, sublimés par des décors qui rappellent les grandes heures de la culture française.

Chaque recoin du monde du jeu respire l’intemporalité et la beauté de cette période. Des bâtiments aux lignes raffinées, des jardins méticuleusement dessinés, des objets et costumes d’époque… Tout est soigneusement pensé pour te transporter dans une époque où le charme de la France est palpable à chaque instant. Les développeurs ont su capter l’essence de cette époque, non seulement par l’esthétique, mais aussi à travers des dialogues, des références et des symboles qui plongent dans l’histoire, l’art, et la culture du pays.

La Belle Époque

Ce n’est pas un simple décor de fond : Clair Obscur: Expedition 33 fait vivre à chaque joueur une immersion où l’amour pour la France et son histoire se ressent dans chaque détail, chaque note de musique et chaque mouvement. Les personnages, leurs tenues, leurs interactions, tout cela semble murmurer un message de nostalgie et de beauté. C’est un jeu où la France n’est pas simplement un lieu, mais une véritable inspiration, un hommage passionné aux valeurs de l’art, de la culture et de l’élégance qui ont forgé l’identité d’un pays.

La Belle Époque n’était pas seulement une période de grandeur historique, mais aussi un âge d’or pour l’art, la poésie et la réflexion. Clair Obscur: Expedition 33 parvient à encapsuler cette magie, avec une délicatesse rare et une élégance qui en font bien plus qu’un simple jeu. C’est un manifeste d’amour, un coup de cœur pour une époque qui continue d’inspirer et d’émerveiller, bien après qu’elle ait disparu des rues.

Bande-son – Un écrin sonore à la hauteur de l’univers

Si l’aspect visuel de Clair Obscur: Expedition 33 impressionne, sa bande-son n’est pas en reste. Et franchement, elle mérite qu’on s’y attarde. Car ici, la musique ne se contente pas d’accompagner. Elle raconte, elle amplifie, elle émeut. On a droit à une partition orchestrale somptueuse, pleine de nuances, capable de passer d’un morceau épique à une mélodie intimiste en quelques secondes.

Chaque zone du jeu possède son identité sonore propre. Un village abandonné va vibrer d’une musique triste et discrète, presque éteinte. À l’inverse, un combat de boss te balance des chœurs épiques et des cordes frénétiques qui t’enfoncent dans ton siège. C’est puissant. Et ça colle à l’ambiance générale : ce monde est instable, entre beauté et désespoir. Et la bande-son le comprend parfaitement.

Les effets sonores sont eux aussi excellents. Chaque coup porte, chaque sort explose avec une texture sonore bien définie. Les doublages sont de qualité, avec un vrai soin porté à l’interprétation. On sent les émotions dans les voix, la fatigue, la rage, la détermination. Même les silences sont bien utilisés. Parfois, y a rien. Juste toi, le vent, et la pression qui monte. C’est ça aussi, une bonne sound design.

Bref, la bande-son de Clair Obscur: Expedition 33 fait partie intégrante de l’expérience. Elle est là à chaque instant, jamais en trop, toujours juste.

Scénario – Un monde poétique, cruel… et terriblement humain

Le pitch de départ est déjà accrocheur : dans Clair Obscur: Expedition 33, chaque année, une Peintre immortelle efface de la carte toutes les personnes âgées de 33 ans. Et toi, Gustave, tu fais partie de l’expédition chargée de l’arrêter. C’est simple. Mais derrière cette idée bizarre, se cache une métaphore puissante sur le temps, la mémoire, et l’oubli.

Le jeu prend son temps pour dérouler son histoire. Il ne te balance pas tout dans la figure. Tu dois découvrir, explorer, interagir. Les membres de ton équipe ont tous un passé chargé, et les relations entre eux sont riches, bien écrites, nuancées. On sent des tensions, des blessures non dites, mais aussi une forme de fraternité qui se développe au fil du jeu. Ce n’est pas juste un groupe de héros : c’est une vraie équipe, avec ses forces et ses failles.

Le scénario brille aussi par sa narration environnementale. Tu apprends autant en lisant les dialogues qu’en observant les ruines, en écoutant les murmures, en fouillant les détails du décor. Il y a une poésie constante, une tristesse latente, mais jamais plombante. Clair Obscur: Expedition 33 parle de la peur de vieillir, de la mémoire qui s’efface, de la beauté fragile du monde. Et il le fait sans jamais te prendre de haut.

Mention spéciale au lore, profond et intrigant, qui se dévoile petit à petit. Plus tu avances, plus tu veux comprendre. Qui est vraiment cette Peintre ? Pourquoi ce cycle de mort ? Est-ce qu’on peut vraiment changer les choses, ou est-ce que tout est déjà écrit ? Le jeu pose de vraies questions, et il te laisse souvent libre d’en tirer tes propres conclusions.

Des anciens d’Ubisoft qui prouvent qu’ils peuvent faire des chefs-d’œuvre

Derrière Clair Obscur: Expedition 33, il y a une équipe de seulement 30 développeurs, mais quel tour de force ! Anciennement chez Ubisoft, ces vétérans du jeu vidéo n’ont rien à envier aux géants de l’industrie. Ce petit groupe d’artisans du jeu vidéo prouve qu’il est possible de réaliser un chef-d’œuvre même sans les ressources colossales de grands studios. Là où de nombreux gros studios échouent parfois à innover, à créer des mondes aussi immersifs et riches, ces anciens d’Ubisoft ont réussi à accomplir l’impensable : offrir une expérience visuellement époustouflante, techniquement irréprochable et profondément émotive.

Du début à la fin, Clair Obscur: Expedition 33 te met des claques, mais dans le bon sens du terme. Chaque aspect du jeu, des décors aux personnages, en passant par la direction artistique et le gameplay, témoigne de leur expertise et de leur passion. Ce qui est encore plus impressionnant, c’est qu’ils ont réussi à le faire avec une équipe aussi réduite, prouvant que la taille d’un studio ne détermine pas la grandeur d’un jeu.

Ces 30 développeurs ont réussi là où de nombreux géants de l’industrie auraient pu échouer, démontrant qu’avec du talent, de l’innovation et une vision claire, on peut accomplir des miracles. Clair Obscur: Expedition 33 est un parfait exemple de ce que des créateurs talentueux peuvent accomplir quand ils sont guidés par la passion et la volonté de faire quelque chose de mémorable. C’est une vraie claque visuelle et émotionnelle, et tout ça avec une équipe qui ferait pâlir bien des grands noms du milieu.

Un tourbillon d’émotions inoubliables

Dès les premiers instants de Clair Obscur: Expedition 33, le jeu te plonge dans un tourbillon d’émotions aussi profond qu’inattendu. Ce n’est pas seulement l’aventure qui te prend aux tripes, mais la manière dont chaque décision, chaque interaction avec l’environnement, chaque personnage te touche d’une façon inattendue. Ce jeu est un véritable ascenseur émotionnel, un chemin sinueux entre la beauté et la tension, entre l’espoir et le désespoir.

Au fur et à mesure de l’aventure, tu ne peux t’empêcher de ressentir l’angoisse et l’émerveillement s’entremêler. Les paysages magnifiques te laissent souvent sans voix, mais ils sont aussi le théâtre de situations où le danger peut surgir à tout moment. Cette atmosphère immersive te pousse dans des états de stress et de réflexion que peu de jeux arrivent à provoquer. Il y a des moments où tu es profondément emporté par l’histoire, où la solitude de ton personnage résonne avec tes propres émotions, créant des instants de mélancolie et de réflexion personnelle.

Des émotions et encore des émotions

Ce qui est frappant avec Clair Obscur: Expedition 33, c’est qu’il ne se contente pas de te faire vivre une aventure. Il te fait ressentir profondément chaque émotion, que ce soit la tension qui t’étreint lors d’une exploration risquée ou la joie simple d’une victoire qui semble précieuse dans cet univers austère. Les personnages, bien qu’ils ne soient pas nombreux, sont d’une richesse émotionnelle rare. On finit par s’attacher à eux, à ressentir leurs peines, leurs joies et leur quête personnelle.

Le jeu joue avec tes nerfs, mais c’est précisément ce qui rend chaque instant aussi intense. Clair Obscur: Expedition 33 ne laisse jamais de place à la tranquillité. Tu es constamment en mouvement, que ce soit physiquement dans le jeu ou émotionnellement dans ton propre cœur. Il arrive à faire naître une forme de catharsis, te permettant de vivre pleinement l’aventure tout en te remettant en question. En un mot, il est impossible de rester indifférent à ce qu’il te propose. Il fait naître des émotions sincères, des moments d’extase comme de doutes, et c’est ce qui fait sa force.

Conclusion – Une œuvre d’art jouable à vivre absolument

Clair Obscur: Expedition 33 n’est pas un simple jeu. C’est une expérience. Un RPG exigeant, beau à tomber, avec une âme, un souffle artistique qu’on voit rarement. Il a ses imperfections, comme tous les jeux qui osent, mais il compense par une générosité rare et une cohérence de tous les instants.

C’est un titre qui va clairement diviser. Certains vont le trouver trop lent, trop exigeant, trop bizarre. Mais ceux qui accrochent… ne l’oublieront pas. Parce qu’il laisse une trace. Il ne se contente pas de divertir, il touche, il interroge il impressionne.

10/10

Résumé

Les + :

  • Gameplay captivant

  • Graphismes sublimes

  • Bande-son immersive

  • Message d’amour à la France

  • Petit studio, grand impact

  • Émotions fortes

Les – :

  • Petits bugs de collisions