Je l’ai menotté sans réfléchir. Un pauvre gars, juste un collier contrefait dans la poche. Et bim, 100 XP en moins. C’est là que j’ai compris : dans The Precinct, t’es pas un super-flic. T’es un petit pion dans une grosse machine. Et franchement, c’est plus marrant que prévu.

Un gameplay qui aime les procédures… parfois trop

Dans The Precinct, tu n’incarnes pas un gangster, mais un bleu. Un jeune flic qui débarque à Averno City en 1983, prêt à faire régner l’ordre avec son badge tout neuf et ses bottes bien cirées. Le concept de base, c’est simple : imagine GTA à l’envers. Tu roules, tu observes, tu interviens. Tu t’ennuies ? Eh bien, tu peux changer de quartier, de mission, de style d’intervention.

Mais attention, ici, on ne fait pas n’importe quoi. Tu ne peux pas taper un suspect parce qu’il court. Tu ne tires pas sans raison. De plus, tu ne peux même pas fouiller un passant sans d’abord vérifier son identité. Si tu ne suis pas les règles ? Tu es sanctionné. Et pas juste par des avertissements : on te retire de l’XP, tu rates tes objectifs, et parfois tu te fais carrément virer de ta mission.

Ça donne un gameplay très procédural. Et c’est là que The Precinct surprend : il te pousse à jouer au bon petit flic. Tu coches des cases, tu coches les infractions, tu entres des données dans ton journal de bord. Oui, ça peut sembler barbant. Et pourtant… ça fonctionne. Parce que le jeu rend ce quotidien crédible. Quand tu arrêtes un voleur après une poursuite en voiture et que tu le fais entrer dans ta voiture avec un claquement de portière digne d’un film des années 80, tu sens que t’as fait ton taf.

Disponible en version physique en édition limitée, proposée par Microids

Des points noirs, il y en a…

Cela dit, il faut aussi parler des points noirs. Et il y en a.

Déjà, les menus radiaux, qui servent à faire toutes tes actions. Fouiller, parler, arrêter, tout passe par cette roue. Sauf que cette roue est lente. Elle s’ouvre en slow motion, avec plusieurs sous-catégories planquées derrière d’autres menus. C’est vite lourd, surtout en pleine action. Quand tu poursuis un suspect, que tu dois le plaquer, fouiller ses poches, choisir ses infractions une à une, tu passes plus de temps à cliquer qu’à réfléchir.

Et puis il y a les combats. Là, ça se gâte. Parfois, le jeu passe en mode top-down shooter, avec des fusillades scriptées ou des interventions violentes. Problème : c’est mou, maladroit, et sans intérêt. Tu te colles à des murs comme dans un mauvais jeu de couverture, tu tires à l’aveugle avec un viseur peu précis, et tu passes ton temps à chercher des caisses de munitions qui cassent totalement le rythme. On dirait un vieux jeu PS2 oublié dans un tiroir.

Mais malgré tout, The Precinct parvient à garder un certain charme. Surtout dans les moments calmes. Quand tu ignores un voleur parce que tu poursuis un chauffard. Ou quand tu refuses de t’arrêter pour une bagarre de clodos à deux rues de ta zone de patrouille. Là, tu te sens comme un vrai flic dans un monde trop bordélique pour tout gérer.

Graphismes rétro mais ambiance soignée

Visuellement, The Precinct ne cherche pas à impressionner. On est sur du low-poly stylisé, avec une vue isométrique qui rappelle des jeux comme Police Simulator ou même Hotline Miami à certains moments. Ce n’est pas beau, mais c’est cohérent.

La ville d’Averno a du caractère. Entre ses rues pleines de néons, ses fumerolles qui sortent des bouches d’égouts, ses passants aux looks vintage, l’ambiance années 80 est bien posée. On sent que les devs ont voulu faire un hommage à une époque, avec ses clichés visuels et ses stéréotypes.

Mais, encore une fois, les bugs viennent gâcher la fête. Entre ton collègue qui devient invisible sans prévenir, les criminels qui glissent dans l’eau et grimpent aux échelles en lévitation, ou les PNJ qui disparaissent en pleine course… difficile de ne pas lever les yeux au ciel. C’est drôle cinq minutes, mais ça casse l’immersion.

Et surtout, les animations sont irrégulières. Parfois fluides, parfois rigides, parfois absentes. Bref, un patch ou deux seraient les bienvenus.

Une bande-son efficace, mais trop discrète

Côté audio, The Precinct joue la carte du minimalisme rétro. Quelques morceaux synthwave accompagnent tes patrouilles, surtout la nuit, et ça colle bien à l’ambiance. On se croirait dans un épisode de Miami Vice version pixel art. Rien d’inoubliable, mais assez pour te mettre dans le bain.

Les bruitages, eux, font le job. Sirènes, radios, pneus qui crissent, coups de feu… tout est là. Sobre, efficace.

Mais le vrai souci, ce sont les dialogues des passants. On dirait qu’ils ont été piochés dans un vieux générateur de phrases cultes des années 80. “Eat my shorts”, “You wouldn’t like me when I’m angry”… sérieusement ? À la longue, ça devient pénible. On aurait aimé plus de variété, plus de naturel. Là, c’est juste un fond sonore qui te rappelle que t’es dans un jeu vidéo.

Un scénario cliché, mais qui fait le taf

Est-ce que The Precinct a un scénario ? Oui. Est-ce qu’il est bon ? Bof. Est-ce qu’on s’en fiche un peu ? Aussi.

Tu joues le fils d’un flic mort en service, qui rejoint la police pour honorer la mémoire de papa. Le chef te prend sous son aile, te dit qu’il est fier de toi, et hop, c’est parti pour démanteler des gangs à la chaîne. Chaque gang a son dress code (les cheveux colorés pour les Jawheads, les t-shirts à serpent pour les Crimson Serpents…), et tu dois monter les échelons jusqu’au boss final.

C’est cousu de fil blanc, plein de stéréotypes, et sans surprises. Mais ça donne un cadre. Une structure. Une excuse pour changer un peu du patrouillage de base.

Et surtout, ça te forme à profiler les suspects. Ce qui amène une réflexion un peu malsaine : tu finis par suspecter tous les gars qui ressemblent à des clichés. Un reflet intéressant de certains travers réels du métier de flic… mais que le jeu n’explore jamais vraiment.

Conclusion – Un jeu de rôle policier rigide mais attachant

The Precinct n’est pas un grand jeu. C’est un jeu imparfait, buggé, parfois frustrant. Mais c’est aussi un jeu engagé dans ce qu’il veut être : un simulateur de routine policière, avec ses absurdités, ses contradictions, et son système de récompense/punition permanent.

Tu ne feras pas exploser des hélicos. Tu ne dragueras pas des agents secrets. Par contre, tu rempliras des formulaires. Tu mettras des PV. Tu hésiteras à courir après un type parce que t’as déjà ton quota de paperasse. Et ça, mine de rien, c’est rare.

Alors oui, on aimerait que le gameplay soit plus fluide. Que les combats soient mieux pensés. Que les menus soient moins lourds. Mais malgré tous ses défauts, The Precinct réussit à capturer une chose essentielle : le sentiment d’être un flic dans un monde trop vaste, trop chaotique, trop humain pour être parfaitement géré.

Et ça, peu de jeux y parviennent.

7/10

Résumé

Les +

    • Ambiance rétro
    • Concept original
    • Immersion procédurale
    • Liberté d’approche
    • Système de patrouille réaliste
    • Bande-son synthwave
    • Ville crédible
    • Profilage intelligent
    • Sens du détail
    • Expérience unique

Les –

  • Menus radiaux lents
  • Fusillades ratées
  • Bugs fréquents
  • IA bancale
  • Répétitivité
  • Scénario cliché
  • Animations inégales
  • Dialogues PNJ redondants
  • Frustrations techniques
  • Combat peu dynamique

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