J’étais à deux doigts de désinstaller le jeu. Et puis, sans trop savoir pourquoi, j’ai relancé une partie. Une fois. Puis deux. Puis dix. Parce que malgré tous ses défauts, Blades of Fire m’avait ferré comme un poisson au bout de sa ligne.

Gameplay – Entre frustration et révélation

Blades of Fire ne prend pas le joueur par la main. En effet, tu démarres, t’avances, et bam : tu meurs. Le jeu ne t’explique donc pas grand-chose. À peine un tutoriel sommaire, deux ou trois bulles de texte, puis silence radio. Et franchement, les premières heures sont rudes. T’as l’impression de ne rien comprendre. Tu perds ton épée, tu reviens à la dernière enclume utilisée, et tu dois aller la récupérer là où t’es mort. Bonjour le stress.

Mais. Si tu acceptes les règles du jeu et que tu changes ta façon de jouer, un déclic se produit.

Le système de combat est bien plus profond qu’il n’y paraît. Chaque ennemi a quatre zones sensibles identifiées par des symboles liés aux boutons de la manette. À toi de choisir la bonne attaque, avec la bonne arme, au bon moment. C’est presque stratégique. Si tu bourrines, tu te fais contrer. Si tu fonces dans le tas, t’es puni. Ici, la patience et l’observation sont récompensées.

Et puis il y a la gestion de l’endurance, un classique du genre soulslike, bien que Blades of Fire ne s’y engage jamais complètement. T’as une jauge, et quand elle est vide, t’es vulnérable. Tu peux te mettre en position défensive pour la recharger plus vite, ce qui te pousse à jouer intelligemment, à alterner attaque et repli.

Les combats ont du poids. Avec une grosse arme, tu sens chaque impact. Tu peux aussi opter pour des armes rapides, en double, et virevolter autour des ennemis. C’est vraiment un jeu qui t’encourage à expérimenter différents styles de combat. Et c’est rare. Beaucoup d’action-RPG te font croire que t’as le choix, alors qu’en réalité, seule une méthode fonctionne. Ici, non. Tu peux vraiment te forger ton propre chemin.

Mais tout n’est pas rose. Le système de forge, censé être un pilier du gameplay, est très laborieux. Tu ne trouves pas d’armes : tu les crées. Tu choisis l’acier, la forme, la garde… Et tu dois taper sur l’enclume jusqu’à ce que des barres de « précision » soient bien alignées. C’est long. Et pas très fun. Pire : la qualité de la forge influence la durabilité de ton arme. Moins tu réussis le mini-jeu, moins ton arme tiendra dans le temps. Et une fois qu’elle est foutue, tu dois la recycler. C’est frustrant, surtout dans les moments où t’es en plein dans un bon rythme d’exploration.

Blades of Fire est donc un jeu qui divise. Il punit tes erreurs. Il demande un investissement personnel. Mais si tu t’accroches, tu ressens une satisfaction rare. Chaque combat gagné, chaque boss vaincu, chaque raccourci découvert… ça fait du bien.

Graphismes – Une direction artistique rétro-futuriste

Visuellement, Blades of Fire n’essaie pas d’être photoréaliste. Et tant mieux. Il opte pour une esthétique très marquée, très « jeux de l’ère PS3/Xbox 360 », avec des personnages massifs, des armures lourdes, et des environnements surchargés mais somptueux.

Ce n’est pas toujours fin, c’est parfois un peu flou, mais il y a une vraie identité visuelle. L’univers est cohérent. Tu passes d’une cité engloutie à une forteresse volcanique, puis à une forêt pétrifiée. Tout est pensé pour te déstabiliser, pour éveiller ta curiosité. Tu sens que les développeurs ont mis leur cœur dans la construction de cet univers.

Et parlons des effets de lumière. Le feu, la magie, les reflets sur le métal… C’est souvent magnifique. Même dans les zones les plus sombres, un éclairage bien placé donne un cachet incroyable à l’ensemble. Il y a aussi de très beaux panoramas. Tu t’arrêtes parfois juste pour regarder au loin.

Cependant, le moteur graphique montre ses limites. Il y a quelques chutes de framerate, et certains décors se ressemblent un peu trop. Mais rien de rédhibitoire. Blades of Fire reste un jeu agréable à regarder, avec un style qui ne laisse pas indifférent.

Bande-son – Ambiance réussie, mais trop répétitive

La musique de Blades of Fire pose une ambiance sérieuse, pesante, quasi mystique. Des percussions sourdes, des chœurs en arrière-plan, des nappes inquiétantes. C’est immersif. Tu sens que tu es dans un monde ancien, en ruine, où chaque pas peut être le dernier.

Mais… ça tourne en boucle. Après quelques heures, les morceaux reviennent. Et même si tu les aimes bien, tu finis par les ignorer. Dommage, parce que l’univers méritait plus de diversité musicale. Une touche de dynamisme supplémentaire pendant les combats aurait vraiment rehaussé l’ensemble.

Les effets sonores, en revanche, sont très réussis. Le bruit d’une arme qui s’écrase contre un bouclier, le craquement d’un feu de camp, le hurlement d’un boss… tout est bien calibré. C’est grâce à ces petits détails que tu ressens le poids des coups, le danger, l’urgence.

Scénario – Du flou, mais une vraie ambiance

Dans Blades of Fire, tu incarnes Aran, un forgeron lié à une entité divine. Ton monde est sous le joug d’une reine maléfique qui a maudit le métal, transformant l’acier en pierre. C’est à toi de renverser la vapeur. Littéralement.

Le pitch est simple, mais le jeu ne t’en dit jamais trop. Tu découvres l’univers au compte-goutte, en parlant à des PNJ, en lisant des textes disséminés dans le monde, ou en écoutant ton compagnon Adso. Il te guide, t’oriente, parfois t’exaspère. Il répète souvent les mêmes phrases, ce qui casse un peu l’immersion. Mais il reste attachant.

Ce flou narratif a du bon : il pousse à la curiosité. Tu veux comprendre qui sont ces dieux. Pourquoi le monde est en ruines. Et comment la forge joue un rôle mystique dans tout ça. C’est du lore à l’ancienne, façon Dark Souls, mais sans tomber dans le cryptique pour le plaisir.

L’histoire avance lentement, mais elle intrigue. Et surtout, elle sert de toile de fond à une quête épique, pleine de détours et de surprises. Tu ne suis pas un couloir : tu explores, tu te perds, tu découvres.

Conclusion – Imparfait, exigeant… mais profondément marquant

Alors, que penser de Blades of Fire au final ?

C’est un jeu qui a plein de défauts. Une interface bancale. Une carte inutile. Une forge pénible. Des pics de difficulté parfois injustes. Et une navigation digne d’un labyrinthe mal éclairé. Sur le papier, ça fait beaucoup.

Mais. Et c’est un gros « mais » : Blades of Fire a une âme. Il ne cherche pas à plaire à tout le monde. Il suit sa voie, t’embarque dans une aventure unique, brutale, mais sincère. Et si tu t’accroches, si tu acceptes de jouer à ses règles, tu seras récompensé.

C’est un jeu qui t’obsède. Tu le quittes frustré, et pourtant tu y reviens. Et quand tu passes enfin un boss, tu jubiles. Ce genre de sentiment, ce n’est pas tous les jours qu’un jeu te le procure.

Si tu aimes les défis, les univers sombres et les jeux avec du caractère, fonce. Si tu préfères les expériences fluides et bien balisées, passe ton chemin. Mais quoi qu’il arrive, Blades of Fire ne te laissera pas indifférent.

7.5/10

Résumé

Les + :

  • Challenge

  • Ambiance

  • Système de combat

  • Liberté de style

  • Direction artistique

  • Effets de lumière

  • Lore mystérieux

  • Sensation d’impact

  • Exploration

  • Progression gratifiante

Les – :

  • Difficulté brutale

  • Interface confuse

  • Forge frustrante

  • Répétitivité sonore

  • Carte inutile

  • Adso redondant

  • Durabilité des armes

  • Peu d’explications

  • Chutes de framerate

  • Courbe d’apprentissage raide

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