Je rêve souvent de voler au-dessus d’îles flottantes, de naviguer au gré du vent… Mais je n’avais pas prévu de passer autant de temps à jardiner dans les airs.
Lors de la Gamescom 2024, j’ai eu la chance d’échanger avec les développeurs d’Aloft et d’en apprendre plus sur ce jeu de survie en monde ouvert où chaque joueur peut piloter sa propre île volante. L’idée m’avait immédiatement séduit : une aventure dans les cieux, un monde à explorer et un concept qui semblait parfaitement mêler construction, coopération et liberté. Maintenant que le jeu est disponible en early access, il était temps de plonger dedans et de voir si ce rêve d’aventure céleste tient ses promesses.
Après plusieurs heures de jeu, le sentiment est mitigé. Il y a de très bonnes idées, notamment la construction d’îles-navires, le multijoueur coopératif et l’exploration aérienne qui offrent une vraie sensation de liberté. Mais très vite, un aspect du gameplay prend une place trop importante : l’écologie et la gestion des biomes. Ce qui aurait pu être une mécanique originale devient rapidement une contrainte omniprésente, rendant l’expérience parfois plus laborieuse que divertissante. Alors, Aloft parvient-il à trouver le bon équilibre entre aventure et écologie ?
Un gameplay innovant, mais une gestion écologique trop pesante
Dans Aloft, l’exploration est au cœur de l’expérience. Vous commencez l’aventure sur une petite île volante, qui peut être modifiée, agrandie et surtout pilotée à l’aide de voiles, gouvernails et autres mécanismes éoliens. Cette mécanique est de loin la plus réussie du jeu, car elle offre une liberté totale. On peut voguer d’île en île, les modifier et même fusionner certaines structures pour créer un véritable bateau céleste. Naviguer dans les airs en observant le paysage changeant est une expérience envoûtante, surtout lorsque l’on joue avec des amis.
Mais très vite, le jeu impose des contraintes écologiques qui cassent un peu cette liberté. Pour qu’une île puisse être contrôlée et déplacée, il faut qu’elle garde un écosystème sain. Cela signifie qu’il faut régulièrement planter des arbres, ramener des animaux et purifier les zones corrompues. Au début, cela apporte une certaine originalité et une profondeur stratégique. Mais plus on progresse, plus cela devient une tâche répétitive et envahissante. On passe beaucoup trop de temps à nettoyer les îles infestées par des champignons parasites et à rééquilibrer chaque biome au lieu de se concentrer sur l’exploration et la construction.
Le combat, quant à lui, est assez simpliste et manque cruellement de variété. On affronte toujours les mêmes créatures fongiques : des petits champignons agressifs, des spores volants qui paralysent et de grosses plantes à éradiquer pour purifier une île. L’absence de diversité rend les affrontements peu stimulants et rapidement redondants. Même avec quelques améliorations d’armes et la possibilité d’enchanter son équipement, le système de combat reste basique et manque de sensation d’impact.
En multijoueur, l’expérience est plus agréable, car chaque joueur peut apporter sa propre île personnalisée et contribuer aux tâches communes. Construire un archipel volant avec ses amis et partir ensemble à l’aventure est un vrai plaisir, d’autant plus que le monde est vaste et propose plusieurs régions à explorer. Malheureusement, le vide du monde gâche un peu cette impression de grandeur. Une fois les premières heures passées, on réalise qu’il n’y a pas tant de choses à faire, et que beaucoup d’îles finissent par se ressembler.
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Des graphismes enchanteurs, mais des problèmes techniques
Visuellement, Aloft est une réussite artistique. Les îles flottantes, les nuages mouvants et les effets de lumière dynamiques créent une ambiance aérienne immersive. Le cycle jour/nuit apporte un vrai charme et voir son île voguer à travers un coucher de soleil est un pur moment de contemplation.
Cependant, techniquement, tout n’est pas parfait. Le jeu souffre de chutes de framerate fréquentes, surtout lorsque l’on se déplace rapidement avec le wingsuit. En multijoueur, il arrive que des objets disparaissent, que des textures mettent du temps à charger et que l’on se retrouve avec des bugs de collision. Ces problèmes nuisent à l’immersion et rappellent que le jeu est encore en développement.
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Une bande-son discrète mais immersive
La bande-son d’Aloft est tout en douceur. Les mélodies aériennes accompagnent bien l’exploration et renforcent le sentiment de calme et de liberté. On aurait cependant aimé des morceaux un peu plus marquants, notamment lors des phases de combat ou de voyage rapide entre les îles.
Les bruitages sont, en revanche, très bien réalisés. Le vent, le craquement du bois, le bruissement des feuilles et le claquement des voiles contribuent à une immersion sonore réussie.
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Un scénario anecdotique mais une belle promesse
Ne cherchez pas une grande aventure narrative dans Aloft. L’histoire est avant tout environnementale : il faut purifier les îles corrompues et préserver l’équilibre du monde. Il existe bien un objectif final, notamment la rencontre avec un gigantesque Léviathan volant, une tortue céleste dont les îles sur son dos sont infectées. Cette quête est sans doute la plus marquante du jeu, mais elle arrive trop tard et manque encore d’enjeux scénaristiques.
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Conclusion : une aventure qui manque encore d’équilibre
Aloft est un jeu prometteur, avec une direction artistique magnifique, un concept unique et une sensation de liberté grisante. Construire et piloter son île est un vrai plaisir, surtout en coopération avec des amis. Mais il souffre d’un manque de contenu, d’un combat répétitif et surtout d’un aspect écologique trop contraignant qui prend le pas sur le fun.
Si vous aimez les jeux sandbox relaxants, la construction libre et l’idée de voguer entre les cieux, vous apprécierez Aloft. En revanche, si vous cherchez un véritable jeu de survie avec du challenge, une exploration plus dense et un gameplay moins contraignant, il vaut mieux attendre que le jeu s’étoffe avec des mises à jour.
Résumé
Points positifs :
- Liberté totale avec les îles volantes
- Direction artistique magnifique
- Exploration agréable et relaxante
- Multijoueur coopératif bien pensé
- Construction poussée et créative
- Ambiance sonore immersive
Points négatifs :
- Gestion écologique trop pesante
- Combat répétitif et peu engageant
- Manque de diversité dans l’exploration
- Problèmes techniques (bugs, chutes de framerate)
- Scénario anecdotique et peu développé
- Mondes parfois vides et répétitifs